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Kulthy
Kulthy
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Éphémère Empty Éphémère

Lun 13 Nov - 15:37
         Elle était la, assise sur un banc du parc, la musique dans ses oreilles. Comme tous les jours à cette heure là, juste après avoir fini de travailler dans le café d'à côté. Parfois elle lisait, parfois elle observait le monde autour d'elle. Elle était transparente, invisible, personne ne faisait attention à elle. Ça lui allait très bien, la solitude. C'était son quotidien. Il se faisait tard, le soleil disparaissait petit à petit, alors elle se leva tranquillement, avec une certaine grâce, et prit la route de chez elle. Elle marchait rapidement, appréciant les couleurs autour d'elle, la lumière des néons qui se reflétait dans les yeux des personnes autour d'elle. La musique la coupait du bruit extérieur, pour son plus grand plaisir. Elle leva la tête vers le ciel et grimaça légèrement en le voyant devenir gris. Elle arriva finalement chez elle. Elle ouvrit doucement la porte, en essayant d'être le plus silencieux possible. Dehors le ciel gronda comme pour la prévenir, et ses fines lèvres se pincèrent. Elle referma la porte derrière elle, se déchaussa et commença à monter les marches en direction de sa chambre. un raclement derrière elle la fit sursauter. Elle se retourna au ralenti, et son cœur battit un peu plus vite. Elle croisa le regard de son père. Elle savait ce qui l'attendait, alors elle baissa la tête, redescendit les quelques marches pour se positionner devant son père. Elle fixait ses pieds. L'homme arracha ses écouteurs et les jeta au sol.

"Qu'est-ce que j'avais dit à propos de ça ? il demanda d'une voix pâteuse et énervée.
- C'est un manque de respect, dit-elle dans un murmure."

         Elle le sentit se gonfler devant elle, de rage sûrement. Elle ne comprenait jamais, pourtant elle avait répondu comme il le voulait. Elle se crispa inconsciemment et attendit. Le premier coup vient rapidement, sur sa joue. Elle ne dit rien, sa tête partie simplement sur le côté, et les larmes roulèrent silencieusement dans le creux de ses joues. Elle serra les dents, et dehors le tonnerre éclata.

"Ça c'était pour l'insolence dont tu fais preuve.
- Je m'excuse."

         Elle savait que s'enfuir ne servirait à rien, elle n'avait nul part où allait. Et elle ne pouvait pas abandonner son père. Son père la frappa une deuxième fois plus violemment, et elle tomba au sol, de fatigue et de renoncement. Elle vit l'image floue de son père à travers ses larmes sourire avec méchanceté. Avec un petit gémissement elle se recroquevilla sur elle-même et murmura comme une prière. Pour elle ou pour son père, personne ne savait, pas même elle. Son père, avec des mouvements vagues, lança ses pieds contre elle en hurlant des horreurs sans queue ni tête. Comme tous les jours, la fille finit par perdre connaissance, le corps meurtri et fatigué, les joues inondées de tout ce qu'elle doit supporter. Elle se réveilla quelques heures plus tard au sol, et se leva en serrant les dents pour ne pas déranger son père qui était affalé sur le canapé, une bouteille de vodka à la main. Elle ramassa ses écouteurs en priant pour qu'il ne la remarque pas, et s'enfuit dans les escaliers. Une fois en haut elle se débarrassa de ses vêtements et se mit devant un miroir pour étaler de la pommade sur ses nouvelles et anciennes blessures. Elle nettoya le sang sur son arcade et sous sa lèvres en évitant de croiser son propre regard. Il y eu un éclaire. Son corps la dégoûtait, elle ne ressemblait à rien. Juste une âme éphémère de plus, destinée à survivre le plus longtemps possible. Elle finit par se coucher dans son lit, fixa la fenêtre plus très propre de sa chambre et tenta d'ignorer la douleur qui la lançait à chaque petit mouvement. Épuisée, la jeune fille s'endormie dès qu'elle ferma ses yeux, la pluie tapant contre la fenêtre.

--

         Son réveil lui fit ouvrir ses yeux tristes. Elle se leva mécaniquement, le corps endolori. Un voile noir apparu devant ses yeux et elle dût s'appuyer à une commode avant de pouvoir tenir à nouveau sur ses jambes. Elle se rappela qu'elle n'avait rien avalait la veille. Elle alla prendre une rapide douche et s'attela à la tâche de maquiller ses bleus avec du maquillage. Elle était devenue très forte pour ce genre de chose. Malheureusement, cette fois si sa lèvre était trop ouverte pour pouvoir être cachée. Alors elle se prépara mentalement une excuse et finit de se préparer. Elle descendit tranquillement, trouva son père endormi dans le salon. Elle ne resta pas la plus longtemps, pris un morceau de pain dans la cuisine et s'enfuit de cette maison dans laquelle elle reviendrait le soir même, avec toujours la même réticence. Elle poussa un petit soupire avant de se mettre en route. La musique la faisait marcher en rythme, oublier ses problèmes pendant un instant précieux. Elle se laissa porter jusqu'au café et y entra. Sa journée fut comme toutes les précédentes. Comme chaque fois à la fin de ses heures de travail, elle s'assit à une table avec une crêpe et un thé. Elle mangea tranquillement un livre en main, retardant le plus possible le moment où elle devrait rentrer chez elle. Elle était seule à une table près d'un fenêtre et regardait la pluie tomber. Elle avait oublié son parapluie, elle allait rentrer gelée et terrifiée. Elle était fatiguée. Personne ne l'attendait avec impatience chez elle. Elle était seule, jusqu'au bout, depuis la mort de sa mère. Elle jeta un regard circulaire autour d'elle et se leva. Elle sortit du café comme au ralenti, et la pluie la caressa. Elle avait marché rapidement jusqu'au pont. Elle souriait. La musique l'accompagnait. Elle croisa quelques personnes, mais personne ne fit attention à elle. Elle pensa à son père, à sa mère, à sa vie.
         Elle fit un pas en avant à chaque fois. Elle monta sur la rambarde et s'assit dessus, les jambes dans le vide. Les voitures passaient en vitesse derrière elle, sans s'arrêter. Elle balançait ses jambes en chantonnant sa musique préférée. Les larmes caressaient ses joues en se mêlant à la pluie. Le tonnerre éclaira la scène un instant, avant de la replonger dans les ténèbres. La musique se termina. A cette hauteur, l'eau serait aussi dur que du béton. Elle embrassa du regard le paysage flou qui l’entourait. C'était l'heure, celle de s'éteindre. Elle le sentait. Avec un dernier soupir, la jeune fille se laissa tomber en silence, comme toujours. La fin de son âme éphémère.
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