Chapitre 2 ★

Ils courent partout autour d'elle.
Après avoir vérifié que la jeune fille pouvait marcher et parler - elle n'avait pu que marmonner quelques mots, ils l'avaient sitôt rendormie. Pas besoin de la laisser plus de temps en liberté. Ils ont du faire des petites modifications, comme mettre dans la puce que renferme sa tête toutes les langues du monde, ou encore le fait de connaître l'histoire jusqu'à la naissance de la Terre.
Ils courent partout autour d'elle, mais malgré cela, il n'y a aucun bruit. Mais c'est normal, ils ont reçu l'ordre de se la boucler. Et, tels les  sortes de robots qu'ils sont devenus avec le temps, ils obéissent. Tout simplement.

Au centre de la pièce, habillée d'une des robes de chambre que l'on porte normalement dans un hôpital, la fille. Le bruit de sa respiration est couvert par les "bip bip" incessant des machines. Le vieux médecin aux cheveux gris, lui, ne bouge pas. Assis sur une chaise, dans la pièce d'à côté, il observe la scène à travers des vitres teintées. Il est heureux : ses nombreuses heures de travail vont bientôt aboutir à un résultat. Après un coup d'œil à sa montre, il a un large sourire. Il appuie sur son oreillette et annonce :

- C'est l'heure.

Tous les médecins, soudain immobiles, écoutent le vieux médecin leurs parler grâce aux oreillettes, et, à la fin du message, se dirigent vers les deux portes de sorties, certains jetant des regards soucieux à la jeune fille blonde inconsciente. Une fois tout le monde sorti, la luminosité est baissée. il ne faudrait pas abimer les yeux de la blonde. Surtout pas. Il faut l'habiter progressivement à la luminosité, au bruit, et tous les autres sens que développent normalement les bébés à la naissance. Sinon, ça ne sera jamais parfait.

Une dernière personne rentre dans la pièce, pour enlever tous les appareils médicaux. Une fois les "bip bip" coupés, et la pièce débarrassée de tous les objets inutiles à l'observation de la blonde, les portes sont verrouillées.

La grande pièce dans laquelle se trouve la jeune fille ne contient plus que le lit dans laquelle cette dernière gît toujours. Sans aucun drap, ce lit d'hôpital reste toujours la chose la plus chaleureuse de la pièce. Les murs sont noirs, ainsi que le sol et le plafond. En face du lit, le mur est traversé par une vitre teintée, de tel sorte que la jeune fille - si elle était réveillée - ne pourrait voir à travers.

Entourée par une ribambelle de médecin, le vieux - appelons-le comme ça - reste tout de même aux premier rang. Le vieux - en parlant de lui - attend, fébrile, penché en avant, que le produit injecté par un bras mécanique sorti du plafond fasse effet. Bouillonnant d'impatience, il tapote la vitre de son index. Soudain, d'un mouvement de bras, il fait signe à ses congénères de la rejoindre. Toujours silencieux, tous se rapportent, presque aussi excités que le vieux. D'ailleurs, le vieux plisse les yeux. C'est trop long. Pourtant, d'un même élan, tous retiennent leurs respirations. La jeune fille blonde vient d'ouvrir de nouveau ses magnifiques yeux verts pailletés d'or.